Devoir de mémoire : « Eyadéma fait partie des sages », dixit un rebelle ivoirien
Devoir de mémoire : « Eyadéma fait partie des sages », dixit un rebelle ivoirien

L’expérience de médiateur de Feu général Gnassingbé Eyadéma reste un chapitre important de l’histoire diplomatique ouest-africaine. Figure emblématique de la politique ouest-africaine, l’homme a marqué l’histoire du continent non seulement en tant que président du Togo, mais aussi comme médiateur dans plusieurs crises régionales. Son rôle le plus notable fut peut-être celui joué dans la crise ivoirienne, où sa nomination comme coordonnateur de la médiation de la CEDEAO en 2002 illustra parfaitement la complexité de sa position en tant que doyen des chefs d’État africains.
Une nomination surprenante mais symbolique
À l’époque, la désignation d’Eyadéma comme médiateur principal dans la crise ivoirienne fut accueillie avec un mélange de surprise et d’espoir. Alors que beaucoup s’attendaient à voir le président malien Amadou Toumani Touré occuper ce rôle, le choix se porta sur celui qui était alors le plus ancien chef d’État en exercice d’Afrique. Cette décision fut particulièrement bien accueillie par les militaires ivoiriens en rébellion contre le régime de Laurent Gbagbo. Le sergent Chérif Ousmane, qui conduisait cette rébellion, avait alors déclaré depuis Bouaké qu’Eyadéma faisait « partie des sages » et que son expérience serait précieuse.
« Ce choix est une très bonne chose. Car Eyadéma fait partie des sages, c’est le plus ancien des chefs d’État d’Afrique, et nous allons profiter de son expérience. »
L’ironie de l’Histoire voulut qu’un homme arrivé au pouvoir par un coup d’État en 1967 – le premier de l’Afrique indépendante – devienne un médiateur pour la paix. Eyadéma apporta à sa mission de médiation une expérience unique, forgée par près de quatre décennies à la tête du Togo.
Une approche pragmatique de la médiation
Dans le contexte de la crise ivoirienne, Eyadéma se distingua par une position nuancée sur la question du désarmement des rebelles. Contrairement à la position officielle d’Abidjan qui exigeait un désarmement préalable à toute négociation, il plaida pour une approche plus souple, considérant que le dialogue devait précéder le désarmement. Cette position, bien que controversée, reflétait sa compréhension profonde des dynamiques politiques régionales.
Jusqu’à sa mort en 2005, Eyadéma resta une figure paradoxale : critiqué pour sa longévité au pouvoir, mais respecté pour sa capacité à naviguer dans les eaux troubles de la diplomatie régionale. Son expérience de médiateur, particulièrement dans la crise ivoirienne, illustre la complexité des relations interétatiques en Afrique de l’Ouest, où les dirigeants doivent souvent jongler entre leurs propres contradictions et la nécessité de maintenir la stabilité régionale.
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