L’œuvre politique du Général Gnassingbé Eyadema : Un colloque pour revisiter l’héritage de l’ancien chef d’État
L'œuvre politique du Général Gnassingbé Eyadema : Un colloque pour revisiter l'héritage de l'ancien chef d'État

Le 5 février 2025 marquera le vingtième anniversaire de la disparition du Général Gnassingbé Eyadema, une figure marquante de l’histoire togolaise et africaine. Pour commémorer cet événement, diverses activités sont prévues à travers tout le territoire national. Parmi celles-ci, un colloque international a été inauguré ce lundi 3 février 2025 à l’hôtel du 2 février à Lomé. Ce colloque a pour objectif de revisiter l’œuvre politique et l’engagement de l’ancien Chef d’État togolais en faveur de la paix, du développement économique et de la promotion des valeurs socioculturelles.
Les travaux ont été officiellement lancés en présence du Premier ministre, Victoire TOMEGAH DOGBE, et du Président de l’Assemblée nationale, Kodzo Adédze. L’événement réunit des acteurs politiques, des universitaires, des diplomates ainsi que des représentants de la société civile.
Ce colloque se veut une occasion d’analyser les multiples facettes d’un homme d’État dont l’influence a largement dépassé les frontières du Togo. Pour le comité d’organisation, il s’agit non seulement de rendre hommage à cette figure historique, mais également de nourrir une réflexion critique sur son héritage.
La quête de l’unité nationale et de la paix
« L’un des axes majeurs de l’œuvre politique de Gnassingbé Eyadema fut la construction de l’unité nationale. Dans un contexte post-colonial marqué par des tensions ethniques et régionales, il œuvra à rassembler les différentes composantes de la société togolaise. Sa vision d’un Togo uni et pacifié s’est traduite par des politiques visant à renforcer la cohésion sociale et à promouvoir le dialogue entre les communautés », a déclaré le président du comité d’organisation, Prof. Kodjona Kadanga.
En parallèle, Eyadema s’est investi dans la résolution des conflits sur le continent africain. Son rôle dans la création de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) illustre son engagement pour l’intégration régionale et la paix. Diplomate expérimenté, il a joué un rôle clé dans plusieurs médiations, contribuant à apaiser des crises dans des pays comme le Libéria.
Le Prof. Dandi GNAMOU, Présidente de la Haute Cour de Justice du Bénin, a approfondi cet aspect dans sa communication intitulée : « L’œuvre de paix de Gnassingbé Eyadema en Afrique ». Elle a souligné que le général Eyadema avait mis l’accent sur l’intégration régionale comme moteur de la paix, tout en œuvrant à dépasser les clivages linguistiques et culturels hérités de la colonisation. Elle a également rappelé son rôle dans la résolution de conflits internes et interétatiques, notamment en Sierra Leone, en Côte d’Ivoire, au Mali et au Burkina Faso.
Un héritage complexe et controversé
Si Gnassingbé Eyadema est souvent célébré comme le « Père de la Nation », son héritage suscite des débats. Ses partisans louent son rôle stabilisateur et son engagement pour la paix et l’unité nationale, tandis que ses détracteurs critiquent les aspects autoritaires de son régime et les limites de ses politiques économiques.
Vingt ans après sa disparition, ce colloque international offre une plateforme pour revisiter ces différentes facettes de son œuvre. À travers quatre axes principaux : son parcours militaire et politique, sa contribution à l’unité nationale, son engagement pour la paix en Afrique et son héritage socioculturel, les participants, venus du Togo et d’autres pays comme le Bénin, le Libéria et le Tchad, analyseront en profondeur l’impact de son action sur le Togo et le continent africain.
Un hommage à la hauteur de l’homme
« L’initiative est louable. Il est important de rendre hommage à ceux qui ont marqué leur pays et l’Afrique. Le président Gnassingbé Eyadema a été un grand conciliateur, aidant de nombreux pays africains, notamment la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Sénégal. Lors de la crise militaro-politique en Côte d’Ivoire en 2002, il a joué un rôle crucial dans les négociations qui ont abouti aux accords de Lomé en 2003 », a déclaré le Prof. Mamadou BAMBA de l’Université Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire.
Un parcours exceptionnel : du soldat à l’homme d’État
Né en 1935 à Pya, dans le nord du Togo, Gnassingbé Eyadema s’engagea très jeune dans l’armée française, où il servit pendant une dizaine d’années. Cette période, marquée par des missions au Dahomey (actuel Bénin), en Indochine, en Algérie et au Niger, forgea son expérience militaire. De retour au Togo en 1962, il gravit rapidement les échelons pour devenir chef d’État-major des forces armées togolaises en 1965. Deux ans plus tard, il accéda à la présidence de la République, un poste qu’il occupa jusqu’à sa mort en 2005.