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Inondations à Segbé (Golfe 7) : les populations et opérateurs économiques n’en peuvent plus

Inondations à Segbé (Golfe 7) : les populations et opérateurs économiques n'en peuvent plus

Certains habitants de Segbé-Zapé, localité située dans la commune du Golfe 7 (10 km à l’ouest de Lomé), sont dans un désarroi total. Cela fait bientôt trois ans qu’ils ne savent plus à quel saint se vouer. Leur malheur a commencé peu après la construction d’un bassin d’eau juste à côté et en face de la Poste de Segbé. Cette infrastructure a été conçue pour stocker temporairement les eaux pluviales et réduire ainsi les risques d’inondations dans la zone. Cependant, elle n’arrive toujours pas à faire face aux quantités importantes d’eau en cas de pluies torrentielles, entraînant de plus en plus de débordements.

Pire, cette rétention d’eau s’est transformée en une véritable source de rivière. L’eau qui s’échappe de ce bassin forme une rivière traversant une ruelle jusqu’au quartier Lankouvi Cité.

Une inondation de trop

Inondation à Segbé

La pluie du 13 octobre dernier a été particulièrement forte et a encore occasionné des dégâts. Les habitants ont été pris au dépourvu et n’ont pas pu faire grand-chose pour protéger leurs maisons et leurs biens.

« Connaissant notre situation, dès que la pluie a commencé au milieu de la nuit, nous nous sommes réveillés. Une heure après, l’inondation a commencé et nous avons dû évacuer pour nous réfugier chez des amis. Vous ne pouvez pas imaginer ce que nous vivons dans ce quartier. Je suis obligé, à chaque pluie, de me promener avec les enfants à la recherche d’un abri. C’est très difficile pour nous », confie une mère de famille, dont l’amertume se lit sur le visage.

Difficilement, certains habitants parviennent à accéder à leurs maisons.

Inondations à Segbé

« Dès qu’il commence à pleuvoir, nous sommes obligés de quitter la maison. Car on ne sait jamais. Si la pluie est assez forte, l’eau monte parfois jusqu’à 1,5 mètre, comme cela a été le cas lors de la pluie du 13 octobre. Je vis dans ce quartier depuis 20 ans et je n’ai jamais vécu ce que nous voyons aujourd’hui. Ce problème a commencé avec la construction de la route de Segbé et du bassin d’eau. Mais cela s’est empiré lorsque nous avons remarqué qu’une importante quantité d’eaux provient des quartiers avoisinants, notamment Balissimé. D’après nos observations, en cas de pluies torrentielles, l’eau quitte le bassin d’Anyonrapé sur la route de Sanguera pour s’ajouter à celle du bassin de Segbé. Donc, comme vous pouvez le constater, tout le quartier est inondé, du bord de la route jusqu’à l’école Grand Royal, qui a dû fermer ses portes », explique M. Kodjo, un habitant.

Une vingtaine de ménages se trouvent dans la même situation que M. Kodjo. Les habitants rencontrés ont exprimé leur frustration face à cette situation, déplorant l’inaction des autorités locales ainsi que l’absence de mesures préventives adéquates.

« À mon âge, où vais-je aller avec ma famille ? Ce sont mes économies que j’ai investies pour construire ici. Je n’ai nulle part où aller et, à chaque fois qu’il pleut, nous ne dormons pas. La pluie du 13 octobre nous a surpris. Nous avons dû quitter la maison en abandonnant tout pour nous réfugier dans la cour de l’école de Segbé. Ce n’est que le lendemain que nous sommes revenus pour évacuer l’eau et récupérer ce que nous pouvions », déplore Arnold.

Des activités économiques victimes d’inondation

Les populations ne sont pas les seules à vivre ce calvaire. Des opérateurs économiques installés dans la zone paient également un lourd tribut. C’est le cas de la société Le Poussin, qui est active dans la région depuis 2009.

Les activités de cette société, spécialisée dans l’accouvage, la production et la commercialisation de poussins d’un jour, tournent désormais au ralenti. La ruelle menant vers la société étant occupée par les eaux, les responsables ne peuvent plus livrer leurs clients.

« La route est totalement inondée par les eaux qui sortent du bassin, et la voie est complètement impraticable. Même une moto ne peut pas passer, » nous explique M. Djiwonou Jean Nyadzo, Directeur général de la société « Le Poussin ».

« En tant que société, nous contribuons à l’économie du pays et à l’emploi des jeunes, car nous employons une dizaine de personnes. Mais depuis un moment, nous sommes à l’arrêt. Pour venir au travail, nous sommes obligés de marcher dans l’eau. Chaque année, nous accueillons des stagiaires, et actuellement, nous avons des apprenants de l’IFAD de Barkoissi qui sont venus en stage. Mais je vous assure que leur quotidien n’est pas facile à cause des eaux qui envahissent nos locaux, » a déploré M. Nyadzo.

« Le Poussin » dispose d’une capacité de production moyenne mensuelle d’environ 50 000 poussins de différentes races. On peut imaginer l’énorme perte subie par cette société, qui a été contrainte de réduire son personnel.

Selon les informations recueillies, avant cette situation à Segbé, à peine deux ou trois maisons construites dans le bas-fond subissaient des inondations dans la zone. Les habitants appellent les autorités compétentes à agir rapidement pour remédier à la situation et leur assurer la sécurité.

Plusieurs autres opérateurs économiques ont quitté la zone, devenue invivable.

« Actuellement, je cherche un nouveau local. J’ai ouvert mon atelier ici en 2019, mais avec cette situation, je ne peux plus rester. Je sais que je vais perdre certains clients, car je n’ai pas eu le temps de leur dire où je vais m’installer à nouveau. C’est comme si je vais recommencer à zéro », regrette Patrick.

Un appel à l’aide

Dans cette zone, la majorité des sinistrés n’ont pas la capacité de louer un logement, contrairement à certains qui ont abandonné leur concession pour se reloger ailleurs.

« Nous demandons à nos autorités de prendre en compte nos préoccupations afin de trouver une solution durable à cette situation que nous vivons, » a lancé M. Djiwonou Jean Nyadzo.

Il convient de souligner que l’inondation de Segbé n’est pas un phénomène isolé. De nombreuses autres localités de la capitale connaissent des situations similaires lors des fortes pluies, mettant en lumière un problème récurrent qui nécessite une attention urgente.

Raphaël A.

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