Imposition de visa aux ressortissants de l’AES : « Aucune mesure n’a été adoptée par la CEDEAO »
Imposition de visa aux ressortissants de l'AES : "Aucune mesure n'a été adoptée par la CEDEAO"
Lors de son sommet du dimanche 7 juillet, la CEDEAO n’a pas décidé de rendre obligatoire le visa pour les ressortissants de l’AES (Alliance des États du Sahel), en tout cas, pas pour le moment.
« Aucune mesure n’a été adoptée par la CEDEAO relativement à l’instauration d’un visa entre les États de l’AES et ceux de la CEDEAO, ni au sujet du retrait du passeport et de la carte biométrique CEDEAO. L’organisation régionale s’est juste limitée à rappeler les conséquences potentielles du retrait des pays de l’AES, dans l’hypothèse où cela surviendrait en janvier 2025. Actuellement, aucun visa n’a été établi, » a indiqué une source qui a assisté aux travaux.
La source explique que le retrait de la CEDEAO est déclenché à la requête d’un de ses États membres, et cette requête ne prend effet qu’un an après sa formulation. Ainsi, le Burkina Faso, le Mali et le Niger sont toujours reconnus comme membres de l’organisation jusqu’à leur retrait officiel.
Nous vous proposons l’intégralité du discours du président de la commission de la CEDEAO, Dr Omar Alieu Touray.
Lisez plutôt!
Excellences Messieurs les Chefs d’État, Honourable Ministres, Distingués Invités
Notre région n’a jamais connu simultanément autant de défis depuis de nombreuses années. En effet, en dehors des nombreuses menaces liées à la paix et à la sécurité ainsi que les défis liés à la pauvreté, notre région est également confrontée aux risques de désintégration. Car comme vous le savez tous, le 29 janvier dernier, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont notifié à la Commission leur intention de quitter la CEDEAO avec effet immédiat.
Notre peuple – le peuple d’Afrique de l’Ouest – vit au sein d’une communauté intégrée de la CEDEAO depuis plusieurs décennies. Les populations ont bénéficié d’une liberté de mouvement dans notre espace CEDEAO et elles ont commencé à percevoir les avantages de notre marché commun où les produits locaux sont commercialisés librement sur un marché de plus de 400 millions d’habitants. A cela, s’ajoute l’utilisation d’un passeport commun et d’une carte d’identité biométrique commune pour les déplacements à l’intérieur de notre espace communautaire.
Au regard de ces avantages, il est évident que la désintégration perturbera non seulement la liberté de mouvement et d’établissement des personnes, mais elle aggravera également l’insécurité dans la région. Plus spécifiquement, le retrait des 3 pays portera un coup dur à la coopération en matière de sécurité, notamment en termes de partage de renseignements et de participation à la lutte contre le terrorisme dans la région et à d’autres initiatives conjointes de sécurité, telles que l’opérationnalisation de la force régionale en attente de la CEDEAO que les ministres de la Défense de nos Etats membres, viennent de convenir d’activer ;
Le retrait des 3 pays pourrait également conduire à un isolement diplomatique et politique sur la scène internationale, dans la mesure où les pays ne pourront plus bénéficier d’un soutien de bloc en cas de candidature de leurs citoyens ou citoyennes à des postes internationaux au sein de l’Union Africaine, des Nations Unies et d’organismes similaires ;
Ce retrait affectera également les conditions de voyage et d’immigration des citoyens de ces 3 pays, car ils auront désormais à mener des démarches en vue de l’obtention d’un visa avant de voyager dans la sous-région. Les citoyens de ces pays pourraient ne plus être en mesure de résider ou de créer librement des entreprises dans le cadre des facilités mises en place par la CEDEAO et pourraient être soumis à diverses lois nationales. Aussi, ces trois pays vont devoir cesser d’utiliser les passeports de la CEDEAO, la carte d’identité nationale biométrique de la CEDEAO et l’assurance automobile « Carte brune de la CEDEAO » à l’échelle régionale.
Sur le plan économique et financier, le retrait des trois États membres pourrait entraîner l’arrêt ou la suspension de tous les projets et programmes mis en œuvre par la CEDEAO dans ces pays et dont la valeur est estimée à plus de 500 millions de dollars américains ;
Il convient également de noter que les deux institutions financières régionales que sont la BIDC et la BOAD ont des investissements très importants dans ces trois pays. La BIDC compte 27 projets actuellement dans ces trois pays d’une valeur totale estimée à environ 321 millions de dollars américains qui représente environ 22,5 pour cent du portefeuille total de la Banque dans les 15 États membres. Les trois pays ont apporté un total de 33 millions de dollars américains au capital de la Banque ;
Sur le plan institutionnel, il convient de noter que le retrait des 3 pays entrainera, non seulement la fermeture de 4 structures régionales de la CEDEAO au Burkina Faso, de deux organismes régionaux de la CEDEAO au Mali et d’un bureau régional de la CEDEAO au Niger, mais il affectera également la sécurité de l’emploi de quelque 130 personnel de la CEDEAO citoyens des trois pays.
Fin