Développons-nous… enfin ! : Jonas Daou, l’Afrique de tous les possibles
Développons-nous… enfin ! : Jonas Daou, l’Afrique de tous les possibles
Des ouvrages qui nous parlent de l’Afrique, de son refus ou prétendu refus de développement, qui nous font part de certitudes sur le fait qu’il serait « mal parti », des prophéties qui augurent d’une ère nouvelle pour le continent, nous en avons lu et relu. Nous en avons tellement lu au point qu’en tenant entre nos mains l’essai intitulé « Développons-nous… enfin ! », l’on est en droit de se demander ce que l’écrivain et homme d’affaire togolais Jonas Aklesso Daou a comme potion magique pour une fois pour toute, nous convaincre que bien que de nombreuses analyses tendent à montrer l’Afrique comme un continent qui refuserait le développement, elle reste, quoi qu’il en soit, le cœur de notre planète, la réserve de tous les possibles.
La question a toute sa raison d’être. L’ouvrage aussi. En effet, l’auteur, à travers une analyse approfondie des enjeux socio-économiques propose des pistes pouvant favoriser le développement harmonieux de l’Afrique qui, pour peu qu’elle suive les conseils avisés contenus dans les 174 pages qui forment l’ouvrage, pourrait être demain « la locomotive du monde, comme l’Europe avant-hier, l’Amérique hier et l’Asie aujourd’hui ».
D’ailleurs si tous ces continents ont tour à tour eu leur moment de gloire, pourquoi donc ne serait-ce pas le tour de l’Afrique ? Malick DAHO, dans son ouvrage intitulé « Dieu a-t-il maudit les noirs ? » n’a-t-il pas démontré que la malédiction de cham était une fausse croyance ? Pourquoi devrait-il en être autrement ?
L’horloge tourne et l’heure de l’Afrique s’apprête à sonner. Mais l’heure sonnera-t-elle quoi qu’il en soit ? L’Afrique pourrait-elle guider le monde si elle ne trouve pas elle-même la boussole qui semble lui faire défaut. Rien n’est moins sûr. Il est indéniable que les intellectuels ou leaders africains ont la capacité de diagnostic et d’organisation hors norme pour faire sonner l’horloge à l’heure juste pour l’Afrique. Mais comme le souligne Jonas Daou, il leur manque la volonté nécessaire pour se mettre dans les dispositions pour refonder leurs communautés, repenser leur avenir, l’influencer et le changer.
Jonas Daou propose alors une solution drastique : s’engager dans une réelle rupture, se réinventer, se révolter, révolutionner nos cultures, notre façon de penser et d’appréhender les choses. L’Afrique doit se retrouver et se réapproprier son identité qui en réalité ne l’a jamais quitté. Elle sommeille en chacun de ses fils et filles et n’attend que le grand sursaut pour émerger.
Pour y parvenir, ce ne sont pas les moyens qui manquent. Notre continent, comme tous les autres, « regorge aussi d’êtres humains créatifs, positifs et inventifs et plus encore, d’une population fortement jeune qui a une forte envie de développement, de liberté, de modernité et d’épanouissement… et il ne reste qu’à faire croiser l’ensemble de ces atouts pour catalyser l’explosion de la modernité et du rayonnement africain ».
Il est temps d’utiliser la masse d’intelligence dont regorge le continent pour construire une réelle capacité africaine d’influence, une soft power qui ne saurait exister sans une dynamique axée sur l’éducation, la promotion des valeurs et cultures africaines, la maîtrise des nouvelles technologies, la justice et la confiance sociales, l’adaptation des normes sociétales et de gouvernance aux réalités spécifiquement africaines.
Le développement du continent doit tout simplement lui être intrinsèque « sans qu’il ne soit besoin que celui-ci soit suggéré ou financé par les bailleurs et autres nations occidentales ».
Il convient toutefois de ne pas juste courir pour essayer de rattraper un quelconque retard. Il faut surtout se surpasser car le monde ne nous attend pas. Il importe non seulement de rattraper le retard actuel mais aussi, d’être en mesure de prendre de l’avance. Ce n’est qu’à ce titre que l’Afrique pourra espérer être demain, la nouvelle locomotive du monde. Il est donc impérieux que « les évolutions et changements à opérer maintenant soient en mesure de nous servir à devenir des initiateurs ou, à tout le moins, à être partie prenante de la prochaine révolution industrielle » et technologique.
L’auteur ne le répétera jamais assez : « l’Afrique dispose d’atouts majeurs en lien avec sa démographie et ses ressources naturelles ; il lui reste les mutations sociales pour catalyser son intelligence structurelle et nous faire jouer les rôles intrinsèques et premiers dans l’éducation, la sécurité, la promotion culturelle, la recherche pour que nous puissions enfin nous développer… ! »
Au final, « Développons-nous… enfin ! » est un appel qu’un afro-optimiste lance à tous ceux qui désespèrent, un cri du cœur pour leur dire que tout est encore possible car les africains peuvent, au risque de ne plus exister, façonner cette Afrique, havre de paix, de croissance, d’épanouissement, cette Afrique locomotive du monde de demain.
Steve BODJONA
Diplomate & Ecrivain
Président du Club Le Littéraire
Du même auteur : L’autre coupable (roman), Editions l’ Harmattan, janvier 2018.
« Il était une fois la déséconomie : un voyage dans le monde 2020 de la COVID-19» de Jonas A. DAOU, essai, autoédition, septembre 2020.
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