Opinion : Vers une refonte constitutionnelle éclairée au Togo

Vendredi 8 mars 2024 marquera un moment historique à l’Assemblée Nationale togolaise avec la tenue d’une session dédiée à l’examen de la proposition de loi pour la révision de la Constitution, menée par la Commission des lois.

Ce rendez-vous n’est pas anodin ; il s’inscrit dans un mouvement plus large qui secoue l’Afrique, témoignant d’une ère de réflexions constitutionnelles profondes, de la Tunisie au Burkina-Faso, en passant par le Sénégal la Côte d’Ivoire et le Bénin. Toutefois, cette tendance révèle une problématique majeure : l’incessante révision des textes fondamentaux soulève la question de leur adéquation avec les réalités et les aspirations profondes des peuples africains.

Historiquement, les constitutions africaines, héritages des périodes coloniales, ont souvent été le miroir des divisions, figeant les sociétés dans des schémas qui ne reflètent pas leur diversité et leurs dynamiques internes. Cette situation est d’autant plus préoccupante que les tentatives passées de réforme ont fréquemment été avortées, conduisant à des instabilités politiques, sécuritaires, et à une paupérisation croissante.

Face à ce constat, il apparaît impérieux de repenser les fondements légaux de nos nations pour les ancrer davantage dans nos réalités et aspirations. Les exemples de réussite en Asie du Sud, où la paix et la sécurité ont été érigées en préalables au développement, doivent nous inspirer. Notre défi est de taille : refonder nos textes fondamentaux pour qu’ils favorisent le développement durable et la cohésion sociale, loin des influences extérieures prédatrices.

Les élections, souvent sources de divisions et de gaspillages de ressources dans un contexte de besoin criant, devraient être repensées. La pratique démocratique ne peut se résumer à des échéances électorales budgétivores et contestées. L’enjeu réside dans la capacité de nos sociétés à engager des débats de fond sur les questions de développement, d’éducation, de santé, qui sont les vraies clés de l’épanouissement des populations.

Le Togo, à l’aube de cette session cruciale, se trouve à une croisée des chemins. L’initiative de révision constitutionnelle doit être saisie comme une opportunité de réaffirmation de notre souveraineté intellectuelle et politique. Nous avons au sein de nos frontières des intellectuels, des juristes, des sociologues capables de forger des textes réellement en phase avec notre histoire, nos cultures, et nos ambitions.

Cette refondation constitutionnelle doit être l’occasion de repenser notre modèle de développement, en le libérant des chaînes de l’aliénation mentale et économique. Il s’agit de poser les bases d’une véritable démocratie participative, où chaque citoyen se sent partie prenante des choix stratégiques de la nation.
Dans ce contexte, je ne peux que saluer l’initiative de l’Assemblée Nationale togolaise. Cependant, cette révision doit être conduite avec la plus grande attention, en veillant à ce que le processus soit inclusif, transparent et réellement tourné vers l’avenir.

Les meilleures lois sont celles qui émanent de l’histoire et des aspirations des peuples ; elles ne sauraient être l’objet d’importations aveugles ou d’impositions extérieures. En somme, la réforme constitutionnelle au Togo ne doit pas être une fin en soi, mais le début d’une ère nouvelle, marquée par un développement harmonieux, respectueux de notre identité et ouvert sur le monde.

Joseph K.

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