Tribune libre/Elections législatives et régionales : « la croisade de l’ANC ou l’art de la contestation sans propositions »
Entre les arpents de la contestation et les horizons de la démocratie : La Croisade de l’ANC contre le prisme du découpage électoral et l'écueil des cautionnements Législatifs
Entre les arpents de la contestation et les horizons de la démocratie : La Croisade de l’ANC contre le prisme du découpage électoral et l’écueil des cautionnements Législatifs
Au sein de la république qui voit s’écrire, jour après jour, la trame de son histoire démocratique, l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) a, en ce samedi 10 février 2024, convié l’aréopage de la presse à une assemblée dont le dessein fut de porter à la connaissance du public une critique véhémente du processus de découpage électoral, ainsi que de la transparence et de l’équité des imminentes élections législatives et régionales, fixées au 13 avril 2024. Ce faisant, l’ANC s’est érigée en héraut d’une certaine conception de la justice électorale, invoquant les sacro-saints principes d’équité inscrits au cœur de notre Constitution.
Sur la Problématique du Découpage Électoral
L’ANC, brandit l’étendard de l’équité, tel que défini par les fondements constitutionnels de notre République, pour fustiger le découpage électoral actuel. Cependant, sa démarche, bien qu’empreinte d’une louable intention, semble se limiter à une analyse essentiellement quantitative, omettant ainsi de considérer la complexité et la diversité des paramètres qui doivent guider la quête d’équité. L’équité, dans son acception la plus exaltée, ne saurait être réduite à la seule mesure numérique des populations ; elle doit, de toute nécessité, embrasser les dimensions géographiques, économiques, culturelles et historiques qui façonnent la vie de la nation.
Le gouvernement, dans un esprit de concertation, avait ouvert les portes du Cadre Permanent de Concertation à l’ANC, lui offrant ainsi une tribune pour présenter ses propositions. L’absence de suggestions constructives de la part de cette dernière, illustrée par la participation de Kwami Manty, semble traduire une occasion manquée de contribuer de manière significative à l’élaboration d’un découpage électoral plus conforme aux aspirations de tous.
La Question Épineuse des Cautionnements Législatifs
Le sujet du montant des cautionnements requis pour la participation aux élections législatives et régionales a également été source de controverse. L’augmentation substantielle de ce montant, passant de 100 000 à 500 000 FCFA, bien que jugée exorbitante par l’ANC, doit être appréhendée dans une perspective plus large. Cette mesure, loin d’être une entrave arbitraire, aspire à infuser un degré de sérieux dans le processus électoral, décourageant ainsi les candidatures fantaisistes et assurant que seuls les plus résolus et les plus engagés accèdent à l’arène politique. La notion de caution, envisagée comme un premier sacrifice sur l’autel du service public, devrait être perçue non pas comme une barrière, mais comme un gage de l’engagement du candidat envers le peuple qu’il aspire à représenter.
La critique, lorsqu’elle est exercée avec sagacité, constitue le ferment de la démocratie. Néanmoins, pour qu’elle soit véritablement constructive, elle se doit d’être accompagnée de propositions pragmatiques et réfléchies. En se cantonnant à une posture strictement critique, sans offrir de solutions alternatives, l’ANC manque une précieuse opportunité de participer à l’édification d’un système électoral qui reflète fidèlement la volonté et la diversité du peuple togolais.
Le gouvernement, en cherchant à dialoguer et à adapter le cadre électoral à la réalité sociopolitique de notre nation, témoigne d’une volonté d’équité et de représentativité. Il appartient désormais à tous les acteurs de la scène politique de s’élever au-dessus des considérations partisanes, pour œuvrer ensemble à l’avènement d’un Togo où la justice, l’équité et la représentativité ne sont pas de vaines promesses, mais les piliers d’une démocratie robuste et épanouie.
Que les élections du 13 avril 2024, loin de cristalliser les divisions, puissent marquer un pas supplémentaire vers la consolidation d’une République togolaise toujours plus juste, plus inclusive et plus représentative de sa riche mosaïque humaine.
Par Joseph Gbandja
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