Professeur Robert Dussey : « Il est dans l’intérêt du monde africain de ne pas laisser mourir le panafricanisme »

Alors que l’Afrique aspire à renforcer son influence sur la scène mondiale, le choix de Lomé pour accueillir, dans quelques mois, le 9e Congrès panafricain revêt une signification symbolique forte. Cette nouvelle édition marque un tournant décisif : l’avenir du continent ne se dessine plus depuis Londres ou New York, mais depuis son propre cœur.

Dans une récente publication, le Professeur Robert Dussey, ministre des Affaires étrangères du Togo et Négociateur en Chef du Groupe ACP pour le Post-Cotonou 2020, a mis en lumière les enjeux majeurs de cet événement.

Une vision ambitieuse

Loin d’être une simple réunion parmi tant d’autres, ce congrès, selon le chef de la diplomatie togolaise, incarne la renaissance d’un mouvement né il y a plus d’un siècle au sein de la diaspora. Le panafricanisme, qui fut d’abord un cri de ralliement contre l’esclavage et la colonisation, se réinvente aujourd’hui en tant que levier d’influence dans un monde multipolaire. Le thème choisi – « Renouveler le panafricanisme et le rôle de l’Afrique dans la réforme des institutions multilatérales » – en témoigne.

Pour le ministre togolais, l’enjeu de cet événement est considérable. Il s’agira de transformer un héritage historique en force politique contemporaine. En effet, si des figures emblématiques telles que Nkrumah et Sankara ont ouvert la voie à l’indépendance, leurs successeurs doivent désormais relever de nouveaux défis. Comment peser face aux puissances établies lorsque l’on parle en ordre dispersé ? Comment négocier des termes d’échange lorsque chaque pays agit en électron libre ?

9e Congrès panafricain de Lomé pour conduire l’Afrique à reprendre les rênes de son destin

Le congrès de Lomé arrive à un moment crucial. Dans un contexte où l’Afrique subit encore les conséquences d’une mondialisation qu’elle n’a pas façonnée, l’unité devient une nécessité impérieuse. Les récentes initiatives, telles que l’Alliance politique africaine, illustrent bien cette réalité : c’est en s’exprimant d’une seule voix que le continent pourra enfin faire entendre ses priorités sur la scène internationale.

Le choix du Togo n’est pas anodin. En tant que quatrième congrès à se tenir sur le sol africain, il symbolise une réappropriation progressive du mouvement par le continent. C’est une affirmation que l’Afrique n’attend plus son salut de l’extérieur, mais qu’elle prend elle-même les rênes de son destin.

« Le Congrès panafricain de Lomé réaffirmera la valeur paradigmatique du panafricanisme. Tout l’intérêt du panafricanisme pour l’Afrique du XXIe siècle réside dans la prise de conscience renouvelée que c’est seulement en étant unie que l’Afrique peut véritablement participer à la gouvernance mondiale… Le panafricanisme se renouvelle en phase avec la vitalité nouvelle de notre époque, et offre l’opportunité de porter les grandes causes de l’Afrique sur la scène internationale dans un ordre rapproché », a déclaré le chef de la diplomatie togolaise.

Pour le ministre Dussey, la transformation du mouvement en un mouvement populaire est essentielle. Les Africains doivent capitaliser sur cette dynamique pour répondre aux préoccupations actuelles de leur continent en matière de dignité, de liberté, de souveraineté, d’indépendance, de respect et de représentativité sur la scène internationale.

Ainsi, en réaffirmant la valeur du panafricanisme et en réunissant les communautés africaines à Lomé, le IXe Congrès panafricain contribue à assurer la continuité historique du mouvement. « La tenue du 9e Congrès est une occasion de faire entrer le mouvement panafricaniste dans le présent et de le préparer pour l’avenir. Il est dans l’intérêt du monde africain de ne pas laisser mourir le panafricanisme, et le Congrès de Lomé nous permettra de répondre à cet impératif », a précisé le Professeur Dussey.

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